Comme un encombrement Livre-tableau

Présentation

Le truisme est éculé : au fill des époques et des siècles, des livres s’ajoutant aux livres, leur accumulation ouvre à la postérité le gouffre abyssal de l’infini. Au risque de la saturation et du trop-plein, l’érudition s’en nourrit : bibliographie rime volontiers avec dévoration (bibliophagie). Le temps écoulé et les savoir-faire traditionnels revêtent les ouvrages anciens du prestige d’une patine. Pour cette raison le livre ancien est aussi un objet; en tant que tel, il appelle une curiosité de nature esthétique et visuelle (bibliophilie) : on le regarde, on le palpe; il est admiré, restauré, exposé. L’attention portée à la matérialité de la texture (papier, reliure, etc.) gagne toutefois à s’étendre à la matière verbale du texte lui-même (mise en page, typographie, ornementation, etc.). Les mots et ce qu’ils disent racontent encore une autre histoire, celle de la mise en forme (et en œuvre) du savoir et de la pensée à des fins de persuasion, de démonstration ou d’instruction : sous la surface écrite de la langue ils montrent l’étendue immense de la connaissance, déployée en autant d’appropriations particulières de l’universel. L’entreprise métaphilologique permet aussi qu’un livre soit regardé comme un tableau et à ce titre « figure » en bonne place dans une galerie, où en quelque sorte la pensée s’efface devant le silence (éloquent) de l’image. C’est ce que postule et « illustre » le présent opuscule, en introduction d’une série à venir sur les « Fleurs grecques » qui parsèment la tradition philologique et grammaticale de la langue hellénique.

L’Auteur

Pascale Hummel est philologue, essayiste et voyageuse photographe.