La désinvolture de l’art

Bernard Lafargue (dir.)

La désinvolture de l’art

Paru en janvier 2008

Presses Universitaires de Pau et des Pays de l’Adour - Figures de l'Art

Disponible
Prix : 29,00 €
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308 pages - 17 × 24,5 cm
ISBN 978-2-35311-004-9 - janvier 2008

Présentation

Dans la préface à la deuxième édition de La Gaya Scienza, Nietzsche célèbre la venue d’un art « göttlich unbehelligte ». Pierre Klossowski traduit heureusement l’expression par « divinement désinvolte ». Délaissant le grand Minotaure Wagner pour le polichinelle Offenbach, et le public religieux de Bayreuth pour celui, facétieux, des Bouffes Parisiens, Nietzsche nous donne à comprendre que le propre de l’art est de savoir rire de lui-même en nous invitant à savoir rire de nous-mêmes, afin de rendre la vie plus belle. Ce faisant, il retrouve le concept de sprezzata desinvoltura, que Castiglione forge au début du XVIe siècle pour qualifier le mode d’être gracieux, fortuné et “juste” du “parfait courtisan”.
“superficiel par profondeur”.
La juste désinvolture ne se moque des forces mortifères de son temps que pour mieux stimuler ses forces vives. C’est pourquoi, elle s’adresse à “tous et à personne”. Le “simple”, le “demi-habile”, et le “mystique”, dont Pascal tire l’échelle d’Il Cortegiano, peuvent bien être éblouis par sa trouble clarté, ils n’y voient que du feu, car ils sont obnubilés par l’esprit de lourdeur. Seul celui qui s’est rendu suffisamment “habile”, et dont le sérieux semoque du sérieux, peut distinguer son “juste milieu” et en jouir. Un ton au-dessus ou au-dessous, et la juste désinvolture vire à l’affectation du cynisme : cynisme par excès de l’Idée qui méprise le monde des apparences au nom d’un “monde vrai”, ou cynisme par défaut de l’apparence qui soumet l’homme au seul règne du divertissement.

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