Derrida aux limites du transcendental De la déconstruction à la phénoménologie

Présentation

La philosophie de Jacques Derrida entretient, depuis ses origines, un lien indéfectible avec la phénoménologie. Ce n’est toutefois qu’en 1990, avec la publication de son mémoire universitaire rédigé en 1953-1954, Le problème de la genèse dans la philosophie de Husserl, que l’on a véritablement commencé à percevoir les prémisses phénoménologiques à partir desquelles émergeront les thèmes fondamentaux de la pensée déconstructive. On y voit se dessiner les motifs inauguraux d’une réflexion ultérieure: la « complication originaire de l’origine », la « nécessité fatale d’une contamination » ou une « dialectique originaire » appelant un au-delà de la dialectique. S’y ajoutent également des concepts tels que l’anarchie du noème, la finitude infinie ou encore la phénoménalité de la non-phénoménalité.
Dès lors, il devient possible de retracer le chemin à rebours de la déconstruction vers la phénoménologie, en traversant cette dernière elle-même. Autrement dit, il s’agit de parcourir de manière systématique l’itinéraire philosophique de Derrida. À l’encontre des lectures tendant à dissimuler la distance critique que sa pensée avait introduite à l’égard de la phénoménologie husserlienne, le présent ouvrage propose de porter une attention soutenue aux strates phénoménologiques qui informent les différents moments de son œuvre.
Si la publication du mémoire en 1990 a indéniablement contribué à accentuer le hiatus entre Derrida et ce que l’on identifiait jusqu’alors sous le nom de « déconstruction », elle a simultanément permis une relecture de son œuvre sous un jour nouveau. Elle a ainsi ouvert la voie à une réception élargie, y compris chez celles et ceux qui, tout en considérant cette pensée comme une forme de post-phénoménologie, y trouvent les ressources pour une transformation critique de la phénoménologie transcendantale elle-même.
[Présentation de l’Éditeur]